Située sur la rive droite du Gave de Pau, au croisement de la route impériale romaine qui traverse le sud de la France et de la route du sel qui de Salies remonte à Bergerac, BAIGTS aimerait jouir paisiblement de son calme naturel. L’histoire pourtant en décida autrement. Impossible alors de ne pas associer le nom de cette bourgade tranquille aux hauts faits d’armes dont elle fut le théâtre tragique.
Depuis longtemps le bourg a connu un certain développement. Détaché de la Vicomté de Dax à la fin du XIIe, il devient chef-lieu de persan et de baillage nommé Ribère-Gave. Le secteur administratif compte, outre BAIGTS, les villages de Castétarbe, Ramous, Bérenx, Saint-Girons Saint-Boès. Pas moins de 59 feux sont recensés en 1385. Et BAIGTS participe à l’instauration du Béarn souverain et neutre bâti par Gaston Fébus en se jouant à la fois des Français et des Anglais. BAIGTS est à portée de canon d’Orthez. Il devra donc se fortifier, lorsqu’éclate la guerre entre France et Navarre au début du XVIe siècle. Puis subir les contrecoups des guerres de religions, héritage de la Réforme introduite en Béarn par Jeanne d’Albret dès 1560.
Le seigneur de Terride, envoyé par Charles IX en Béarn, met celui-ci à mal : «Vostre Pays est environné d’ennemys et assailly du costé de Sauveterre, de Bellocq, d’Orthez… » écrit le 5 avril 1569 le baron d’Arros, gouverneur du Béarn, à Jeanne. Trois mois plus tard, la conter attaque de Montgomery est impitoyable pour les catholiques, et un ruisseau de sang envahir les rues d’Orthez.
La paix ne reviendra pas encore. Malgré l’édit royal de 1572 instituant le catholicisme en Béarn, sous l’autorité du compte de Gramont, celui-ci est fait prisonnier par le lieutenant général d’Arros en 1573.
Henri III de Navarre confie à sa sœur Catherine, calviniste convaincue, la régence du Béarn. La petite église de BAIGTS, dédiée à Saint Vincent, y laissera des plumes… ou plutôt des cendres. Brûlées en 1575, elle ne sera reconstruite qu’au XVIIe. Entre temps, Henri III de Navarre est devenu Henri IV roi de France en 1589. Quatre ans plus tard, le Béarn pourrait retrouver la paix puisque « Paris vaut bien une messe »…
C’est sans compter sur l’intransigeance excessive des « Etats de Béarn », à majorité protestante, qui incite les catholiques opprimés à faire appel au « Conseil Royal ».
En, 1617 Louis XIII décide de rétablir le culte catholique dans tout le Béarn, avant de pénétrer à Pau en 1620 à la tête de son armée. Le Béarn, annexé au royaume de France, n’est plus un pays souverain, malgré les dernières résistances du marquis de La Force ou de Jean-Paul de Lescun. Mais nous sommes ici en terre huguenote. Et en 1684, le superintendant de Foucault devra mettre un terme définitif, cette fois, aux velléités locales en détruisant le temple protestant de BAIGTS. Il faudra attendre deux siècles pour sa reconstruction.
Philippe AILLERY
Territoire Pyrénées